Interprétée par le grand comédien Louis Jouvet, ‘Knock ou le triomphe de la médecine’ est considérée comme une des œuvres majeures du théâtre français, et fut jouée pour la première fois le 15 décembre 1923 à la Comédie des Champs Elysées. En 1993, Michel Serrault jouait le rôle avec tout l'humour acerbe qu'on lui connaît et Fabrice Lucchini a été l'interprète d’une récente reprise à Paris.
Alain Plisson comme d’habitude a voulu se lancer le défi de la mettre en scène et nous confie :
‘‘la pièce n’a pas pris une ride et demeure une œuvre de référence. Personnellement mon choix se porte toujours sur des écrits de ce calibre et je peux dire en toute modestie que j’ai le mérite de présenter quelque chose qui peut ne pas plaire à tout le public, mais qui a un label de qualité’’. Synopsis : la satire des médecins
Knock, qui a appris la médecine en lisant des prospectus s’installe à Saint Maurice dans un cabinet qu'il a racheté au Dr Parpalaid. Habile charlatan, il fait fortune en persuadant sa clientèle - on pourrait aussi dire ses victimes - que ’’les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent’’, une phrase d'ailleurs devenue célèbre. L'action de la pièce se déroule en trois actes. Le premier, dans une vieille voiture qui tombe en panne, alors que le Dr Knock et le Dr Parpalaid accompagné de son épouse, négocient la vente. Une façon de présenter les deux personnages, leurs caracteres si divergents.
Dans le deuxième acte, nous sommes à la clinique du Dr Knock et c’est le cœur de la pièce car on assiste à toutes les manigances de ce faux médecin sans scrupule qui exerce sur ses patients un ascendant que nul ne lui conteste et arrive à convaincre les gens du bourg, et même de la contrée, que même s’ils se sentent en bonne santé chacun d’eux cache une maladie… qu’il va découvrir avec astuces.
Dans le troisième acte, Dr Parpalaid arrive à l'hôtel du bourg, tenu par Madame Rémy, pour rencontrer son confrère Knock, et je vous laisse savourer la fin….
Alain Plisson souligne :
‘‘Ce n’est pas une pièce facile. Elle traite sur un mode léger la satire d’une profession admirable : guérir sauver soulager préserver. Une profession faite d’abnégation et de courage. Traiter le monde de la médecine sur un mode critique est un équilibre difficile à trouver, en rire ou en pleurer ? Jules Romains a composé une farce grinçante dont il vaut mieux se presser d’en rire de peur d’avoir à en pleurer’’. Dans la peau des personnages
Etienne Kupélian campe un excellent Dr Knock, donnant au personnage la dimension du charlatan sous des dehors sérieux et doucereux au service de sa clientèle, qu’il exploite à fond. Sa clinique ne désemplit plus et il fait fortune.
Face à lui, Jacques Mokhbat incarne le médecin de campagne qui ne se démène pas trop et avec sa bonhomie cherche à atténuer les problèmes de ces patients. Il est loin de s’enrichir.
Le contraste entre les deux personnages est ponctué par un dialogue plein de finesse et de subtilités qu’on savoure. La pièce met en exergue les deux facettes du médecin et Plisson a réussi à présenter ces deux aspects, servi par de bon comédiens, les incontournables de son théâtre.
Autour des personnages clés, une pléiade d’acteurs qui ont tous plus ou moins une expérience théâtrale. Josyane Boulos est une fermière authentique, Marie Lagarrigue, alias Mme Pons, une vraie bourgeoise, Philippe Fayad un pharmacien qui va enfin s’enrichir grâce aux prescriptions de Knock, Denise Chehab est Mme Parpalaid, Cyril Jabre le tambour de ville, Pascal Coz l’instituteur, Laurent Kupélian le chauffeur et Lorraine Oueiss Mme Remy. On se délecte dans cette pièce d’une heure trente, au rythme rapide et bien enlevé.
Le metteur en scène souligne :
‘‘La pièce m’a pris trois mois de travail. Une bonne durée. Cette fois le démarrage était plus difficile que d’habitude car ce n’était pas évident de pouvoir arriver au juste équilibre et présenter les deux facettes du médecin. J’ai aussi coupé dans le texte sinon ce serait trop long. Quand je mets en scène, je pense au public, pour qu’il ne se lasse pas il faut donc alléger sans toucher à l’essentiel’’.
Le décor conçu par Alain Plisson avec les conseils de Brahim Zod est adapté à chaque acte. La chanson ‘Je n’suis pas bien portant’ (1923) est interprétée par Ouvrard.
‘‘J’ai 87 ans, conclut Alain,
et mes vrais amis me disent que le jour où j’arrêterai, je perdrais l’envie de faire quoi que ce soit, et quand on n’a plus envie de rien on est sur le départ. Tant que j’ai la vitalité pourquoi ne pas continuer’’.‘‘J’espère que le spectateur sera sensible à la pièce qui se joue au profit de plusieurs œuvres humanitaires’’.
Lors de la soirée d’ouverture la troupe et son metteur en scène ont eu droit à une longue ovation.
Nelly Hélou
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